Être une femme avec un TDAH


C
e qui m’agace à chaque fois, c’est de lire ou d’entendre des témoignages de femmes qui, lors de leur passage chez des professionnels de santé, voient leurs souffrances complètement balayées d’un revers de main. « Vous êtes fatiguée ? C’est psychologique. » « Vos règles sont très douloureuses ? C’est psychologique, vous êtes trop douillette. » « Vous pensez avoir un TDAH ? C’est dans votre tête, vous n’avez pas de TDAH. » Et ça me met hors de moi.

Parce que ces femmes-là, une fois qu’elles ont eu la force de revendiquer leur droit le plus légitime à exprimer un doute, une souffrance auprès d’un·e professionnel·le, perdent tout espoir et toute confiance en la médecine lorsqu’elles sont renvoyées sans réponse.
Dans mon propre parcours, j’ai eu beaucoup de chance : je n’ai consulté les professionnels de santé que je vois aujourd’hui que lorsque j’étais certaine d'être safe avec eux. Mais cela m’a demandé des mois de recherches, de conseils, de lectures, d’auto-sensibilisation pour rassembler les éléments solides à présenter à un·e psychiatre le jour où je parlerais de ma suspicion de TDAH.

Mais qu’en est-il de celles qui ne savent même pas par où commencer, tant il y a d’informations, de démarches confuses, et tant qu’elles sont seules et invalidées dans leurs ressentis ?
Combien ont traversé des années d’errance diagnostique ? Combien ont été diagnostiquées à tort borderline ou bipolaires alors qu’il s’agissait en réalité d’un TDAH ? Combien ont été moquées, méprisées, remerciées parce qu’elles ont osé dire qu’elles allaient mal ? Dans ce contexte, on comprend pourquoi certaines se tournent vers les médecines alternatives, même si c'est une impasse totale.
La science est une discipline fiable et valide.
Que certains de ceux qui la maîtrisent s’y prennent mal ne doit jamais remettre en question la fiabilité de la science. En revanche, le fait que des praticiens de médecines alternatives non validées par le consensus scientifique soient de belles personnes, à l’écoute et rassurantes, ne valide en rien la fiabilité de leurs disciplines. Mais je m'égare...

Pourquoi autant d'errance ?
Probablement parce que dans le cadre du TDAH, il est souvent invisibilisé chez les femmes. La petite fille rêveuse et tête en l'air n'attire pas forcément l'attention. Et aussi parce que nous sommes dans une société sexiste où une femme qui va exprimer ses émotions, ses souffrances, passera pour une emmerdeuse. "Elle exagère", "elle en rajoute toujours". 
Par mon petit microscome individuel, je ne peux pas généraliser mais je remarque que la jeune génération de professionnels qui arrive (psychologues, neuropsys, psychiatres, neurologues, etc...) est en train de changer la donne. Je l'ai vu à titre personnel mais attention, mon expérience personnelle ne valide pas mon constat. Juste il rappelle, que ces cas de figure existent, mais qu'ils sont compliqués à trouver. J'ai eu beaucoup de chance. Mais pour ça, il a fallu des années d'errance. Si je n'avais pas été AESH et n'avais pas accompagné un collégien TDAH, j'en serais sûrement à la même errance d'il y a cinq ans. 

L’errance diagnostique du TDAH chez les femmes n’est heureusement pas une fatalité, mais une réalité qu’il faut enfin prendre en compte. Il est urgent que les professionnels de santé soient mieux formés, que les préjugés sexistes soient déconstruits, et que chaque femme puisse être entendue et prise au sérieux.


Les sites à consulter pour comprendre le TDAH:
· Le site référence sur le TDAH chez l'adulte à ne pas manquer
· Les recommandations de la HAS
· Le TDAH, vers un consensus universel


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