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Affichage des articles du juillet, 2025

TDAH et culpabilité

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  (Attention, le début de cet article comporte des détails assez gore sur la description d'un rêve.) J e trouve que les rêves, c'est souvent un bon indicateur de ce par quoi on passe dans notre vie. Dernièrement, j'en ai fait un d'assez particulier où je devais me faire opérer du cerveau. Opération bénigne mais qui me faisait pas mal flipper. Après avoir eu la tête rasée, je devais, comme pour toute opération du cerveau, rester éveillée. Puis quelques dizaines de minutes plus tard, je me sens glisser de la chaise sur laquelle j'étais assise et me suis retrouvée à moitié avachie par terre. Personne ne s'occupait de moi. La chirurgienne m'a dit alors que tout était fini, que je pouvais me relever et m'en aller. J'ai à peine eu le temps de me relever et de la voir s'en aller que j'ai senti un truc visqueux tomber de ma tête. C'était mon scalp. On m'avait mis des vis défectueux sur le crâne qui étaient censés me maintenir mon scalpe le te...

Mon TDAH, mes hyperfixations et moi

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C e qui a probablement fait que mon TDAH passe complètement inaperçu au reste du monde, comme à moi-même, pendant toutes ces années, c’est qu’ à chaque fois que mon trouble se manifestait, tout était fait pour le faire taire . C’était notamment le cas pour mes multiples obsessions ou hyperfixations . Il n’est pas rare, quand on a un TDAH, d’avoir en commun avec les personnes autistes le fait de développer des centres d’intérêt très intenses , ce qu’on appelle les hyperfocus , et de se documenter à fond sur un sujet jusqu’à ne penser qu’à ça, d’en parler des jours, des semaines, parfois des mois. Enfant, j’ai eu plusieurs hyperfixations qui ont suscité pas mal de désintérêt, voire d’agacement, chez mon entourage. « Oui, c’est bien mignon tout ça, mais reviens un peu à la réalité ! Redescends de ton nuage, la vie, ce n’est pas ta petite passion enfantine. »  La seule obsession que je dirais avoir été tolérée et même appréciée, c’est mon engouement pour l’univers de Tintin. J’ai gran...

Être une femme avec un TDAH

C e qui m’agace à chaque fois, c’est de lire ou d’entendre des témoignages de femmes qui, lors de leur passage chez des professionnels de santé, voient leurs souffrances complètement balayées d’un revers de main. «  Vous êtes fatiguée ? C’est psychologique.  » «  Vos règles sont très douloureuses ? C’est psychologique, vous êtes trop douillette.  » «  Vous pensez avoir un TDAH ? C’est dans votre tête, vous n’avez pas de TDAH.  » Et ça me met hors de moi. Parce que ces femmes-là, une fois qu’elles ont eu la force de revendiquer leur droit le plus légitime à exprimer un doute, une souffrance auprès d’un·e professionnel·le, perdent tout espoir et toute confiance en la médecine lorsqu’elles sont renvoyées sans réponse. Dans mon propre parcours, j’ai eu beaucoup de chance  : je n’ai consulté les professionnels de santé que je vois aujourd’hui que lorsque j’étais certaine d'être safe avec eux. Mais cela m’a demandé des mois de recherches, de conseils, de lectures, d’auto-se...

La légitimité du témoignage quand on est une personne concernée par le TDAH

" Du blabla validiste, comme d'habitude avec elle. Suivant. " C ette phrase, je l'ai lue dans un des groupes Facebook consacré au TDAH dans lequel j'ai partagé mon dernier article . Comme dans tout ce qu'on peut trouver sur les réseaux sociaux, les remarques désobligeantes et sèches sont monnaies courantes. On m'a même dit qu'à partir du moment où je m'exprime en public, je dois m'attendre à des retours donc indirectement, à des retours de ce style. Pour autant, je ne suis pas d'accord. Je refuse de rentrer dans ce jeu, à plus forte raison quand la personne qui a écrit ce message a elle-même le TDAH et qu'elle sait ce que ça quand, avec un TDAH, quand on reçoit ce genre de propos abruptes, sans aucun argument derrière. La liberté d'expression, ça n'est pas l'insulte, ni le sarcasme gratuit sans remise en question. Ce monde est une jungle, mais ça n'est pour autant permis de se comporter comme des sauvages sans penser au...

Notre TDAH dans un monde idéal  serait-il un trouble ou une différence ?

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O n peut lire quelque fois, ici et là, que le vrai problème du TDAH, ce n'est pas le TDAH lui-même, mais l'ensemble des facteurs environnementaux . Ce qui rend le TDAH difficile à vivre, c'est tout ce qui l'entoure. Dans une société 100% inclusive, on imagine qu'il n'y aurait plus de TDAH.   Il y a dans cette affirmation autant de choses justes que de points discutables. Le TDAH c'est un trouble qui touche environ 5% de la population mondiale. Vivre dans un monde meilleur ne l'effacerait pas. Sans doute que ça le rendrait plus supportable, mais ça ne l'éradiquerait pas, parce qu'on ne change pas un cerveau dont la structure est différente . Quand on a un TDAH, on nait avec et on meurt avec. Et il en sera toujours ainsi. Après mon diagnostic, je me suis souvent demandé si ma vie aurait été différente si j’avais pu bénéficier d’un accompagnement adapté tout au long de ma scolarité. Est-ce que j’aurais été moins cabossée si j’avais grandi dans un...

Santé mentale, TDAH et pseudosciences : pourquoi l’esprit critique est vital

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Avertissement : je ne suis qu’une personne lambda qui émet une opinion. Je ne suis pas professionnelle de santé, mais une personne concernée par le TDAH, et je souhaite partager mon point de vue pour inviter à penser, réfléchir, et peut-être même remettre en question nos propres certitudes. S avoir qu'on a un TDAH, c'est un soulagement oui, et une colère immense aussi. Je l'ai mentionné dans le précédent article. Mais c'est aussi d'autres combats à mener. Celui de réhabiliter sa légitimité à être de ce monde, à avoir droit à du soutien. C'est le combat de repenser sa vie, de la recommencer presqu'à zéro . Si j'étais toute seule, je crois que j'aurais lâché la rampe.  Quand vous avez un entourage proche sain et stable, ça rend le quotidien beaucoup plus supportable. Attention, ça ne veut pas dire que tout va mieux, ça évite déjà de se retrouver au fond du fossé. C'est un équilibre vital. Et cet équilibre émotionnel sain et stable, je ne l...

L'après diagnostic, entre amertume et soulagement

  J 'ai eu mon diagnostic du TDAH fin 2023, la veille de mes 37 ans, donc. Quasi 40 ans d'errance psychologique et médicale pour enfin comprendre enfin que j'ai un TDAH, mais aussi intégrer que dans ce TDAH, il y a énormément de points handicapants qui ne se limitent pas qu'à la maudite trinité, inattention, hyperactivité et impulsivité . Par exemple, depuis mon diagnostic, j'ai compris qu'avoir un TDAH, ça englobe plein de choses comme faire tomber des objets. Toute mon enfance, j'en ai cassé des tasses, des assiettes, des verres... Une maladresse motrice que j'ai attribuée à la dyspraxie mais que la prise du traitement a réduite de manière significative. ( même si le soupçon de la dyspraxie reste ) Mon plus gros cauchemar quand j'étais gamine, c'était quand on me demandait d'aller chercher un objet qui se trouvait dans une autre pièce parce que trois fois sur quatre, je ne le trouvais jamais . Il pouvait être sous mes yeux, je ne le trouva...

Journal d'une TDAH(ieuse)

J e ne sais pas si l’algorithme est le reflet d’un validisme généralisé ou s’il a juste compris que jouer sur nos angoisses et nos difficultés exécutives est le moyen le plus efficace de nous garder captifs. Mais une chose est sûre : c'est que ça fonctionne .  Il faut dire, quand tu vois un micro-trottoir où on demande à des mecs s’ils pourraient faire atterrir un avion en cas d’urgence, et qu’ils répondent “ Oui, évidemment! ” sans l'once d'une hésitation, tu comprends pourquoi ces mêmes gars se sentent experts en santé mentale sur les réseaux.  Fake news, ignorance totale, zéro notion scientifique ou psy, et aucune gêne à balayer des années d’études d’un revers de la main.  Dans un monde où l'opinion est devenue plus importante que les faits, c'est maintenant qu'on doit tirer la sonnette d'alarme.  La santé mentale n'est pas une opinion. Elle se base sur des faits . Si on parle autant du TDAH, c'est parce qu'on est dans une époque où parler de ...