° Ce serait p't'être pas débile de ralentir la cadence ... °

 
Ça doit faire quelque chose comme plus de quinze ans que je n'avais pas fait de blogs.
Et pourtant, j'adorais ça. Et comme des milliards avec moi, je me suis laissée entrainer par la marée gargantuesque des réseaux sociaux. Je ne l'ai pas vu venir. Ni moi, ni personne d'autre d'ailleurs.

Je passe actuellement par une crise qui remet tout en question. Je suis artiste-auteure et illustratrice.
En galère depuis de trop longues années, comme la quasi totalité des artistes. (Et oui, tout le monde dans la BD n'est pas Riad Sattouf)
A mon actif, il y a trois romans graphiques dont le dernier, auto-édité, qui traite du TDAH.

C'est mon bébé à moi, voilàààà









Pour cette BD, j'en ai chié. En vrai, j'en ai chié pour toutes les autres. J'ai eu deux diagnostics en 2023,  le syndrome de Tourette, et le TDAH. Et comme dirait mon psy, à mon âge c'est un retournement de table. Ta vie entière défile devant toi et tu saisis tout ce que tu t'es mangé d'injustices dans la tronche. Et tu réalises aussi que toutes les années passées à te détruire et à laisser te détruire vont être longues à démanteler. C'est un mélange aigre-doux de totale joie d'enfin comprendre comment tu es, et à la fois une colère abyssal de n'avoir jamais eu qui que ce soit ni pour t'aider, ni pour te soutenir.

Mon hyperfixation TDAH qui tient bon depuis que je suis archi petite, c'est le dessin.
Le monde de l'illustration est un monde merveilleux, tellement merveilleux qu'il y en a trop des personnes qui aiment dessiner et qui savent dessiner.

Pendant des années, j'ai fait ce que tout bon artiste fait pour mettre son travail en avant, je me suis mise sur les réseaux sociaux. J'ai obéi à toutes les injonctions: suivre des gens, commenter leurs posts, poster une fois tous les deux jours si je ne veux pas perdre mon lectorat, me remettre en question si je perds cinq abonnés à chaque fois que j'ai posté quelque chose. Et surtout, l'injonction ultime: ne surtout pas changer de sujet.
C'est à dire que si j'ai envie de parler de TDAH, je dois et ne peux parler que de ça. Je ne peux plus faire marche arrière. Si je parle d'autre chose que du TDAH, je me condamne à sombrer dans les abîmes d'Instagram, à perdre en visibilité et donc la possibilité de vivre de mon travail.

Et j'ai envie de parler de tellement de choses: du syndrome de Tourette, du TDAH, de la vie, de la mort, des rêves, de mes dernières lectures, des films que j'ai aimés... mais tout ça prend du temps. Et travailler sur Instagram, c'est travailler gratuitement. Et je ne peux pas travailler gratuitement.

Pour l'amour de l'art ...


Les réseaux sociaux sont pour moi un poison
. Parce que, non contents de te rappeler que tu as besoin d'eux et pas le contraire, ils sucent ton attention à un point que tu passes l'intégralité de tes soirées et de tes nuits à scroller. Tu vis dans l'urgence, dans les injonctions à poster, liker, faire des stories et ta créativité en est tuée.
Les réseaux ne laissent à personne la possibilité de prendre son temps. Personne ne lit, on consomme. Je serais même étonnée que la personne qui a trouvé ce blog dans le désert de l'Internet lent soit encore en train de lire mon article de vieille millenial acariâtre.



Mais aujourd'hui, je suis fatiguée. En quinze ans, je pense avoir suffisamment gâché ma vie à dépendre des réseaux pour garder la tête hors de l'eau. Je n'ai aucune nostalgie de quoique ce soit, mais je dois avouer que ralentir, prendre le temps, accueillir le mystère, sont des choses qui me manquent viscéralement.
Aujourd'hui, je suis bloquée. Je n'arrive plus à faire des strips BD sur mon compte Instagram. 
Alors, je dessine. J'essaie de varier, de m'exercer pour ne pas perdre la main.  
Et ce qui me rassure, c'est que j'aime toujours autant ça.
Je croyais avoir définitivement perdu l'envie. En fait, je sens que j'ai besoin d'une autre manière d'exprimer ce qui m'anime dans le fait de dessiner. Mon existence est complète quand je dessine. Je suis ailleurs et chez moi à la fois. Qu'importe qu'on trouve ça kitsch -- car ce que m'a bien appris le diagnostic de mon TDAH, c'est à quel point l'opinion des autres sur moi ne doit plus avoir de valeur -- je sais juste que sans ça, je crève.


Alors c'est parti, en voiture Simone ! Il y aura des anecdotes de "TDAH(ieuse)", mes coups de coeur cinéma (actuels comme non-actuels), des pensées de neuroatypique qui partent dans tous les sens, des choses simples, légères comme des réflexions existentielles dont tout le monde se fout.
Oh, il y a déjà un film que j'aime d'un amour fou depuis sa sortie sur lequel j'ai fait un article (REMPLI DE SPOILERS).

Bref. Un espace sur lequel j'invite qui le veut à me suivre, réagir, partager son avis, ses réflexions.

Qui sait, peut-être que dans le brouahaha du web, dans les galeries souterraines du monde numérique que les réseaux sociaux n'ont pas encore engloutis, il y aura quelques âmes égarées qui pourront s'y plaire.


SB.
05.03.2025





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